- Séance du 02/12 -
Pendant qu'elles se poursuivent en riant dans le salon, Tim tire sur le joint tendu par Dany. Il le propose à Marie qui le rembarre - remballe ta merde!
- Oh, ça va, Sainte-Nitouche!
- Si t'arrête pas ton truc, j'te dénonce aux flics, pigé?
- euh…
Marie se retourne et il est là. Vêtements noirs à coupe simple, sobre, air supérieur, yeux froids comme la tombe. Tu vas appeler les flics chez ma sœur ?
Le temps de se remettre du choc et il sourit, se présente comme le frère de Cassandra. Tim sent que ça monte, veut engager la conversation mais il s’éloigne avec Marie qui remballe d’un retourne fumer ton herbe qui le laisse un peu rouge.
- Alors, je t’ai attendu moi, tu t’es pas repointé.
- Y’a eu un petit souci mais c’est fini, demain si tu veux j’te montre le chemin. D’ailleurs on a un autre invité, ce serait bien que vous veniez à deux, hein ?
- OK… Et comment j’suis supposé t’appeler ?
L’intimidant.
- Ca fait acteur porno, non ?
Il s’éloigne en souriant et elle comprend sans trop savoir pourquoi qu’elle ne doit plus le suivre, son temps est écoulé.
May a rejoint Tim qui observe la scène de loin, le joint à la main. Bah si il te plait tant, va l’aborder !
Elle s’étonne quand on lui passe un doigt dans le dos, se retourne pour voir que c’est Deirdre. Un sourire lui éclabousse les yeux et elle pointe vers l’étage en souriant. Deirdre lui prend la bouche et plante ses yeux dans le regard de Tim. Quand elle relâche May, elle lui tend la main. Lui reste un peu con, May voit ce qui se passe tente une blague s’éloigne. Dany lui lâche qu’il faut savoir, elle répond d’un doigt. Se retourne. Voit Deirdre disparaitre à l’étage avec Tim. Putain.
Sitôt dans la chambre, Deirdre étale Tim sur le lit, s’assied à côté et lui demande sur le ton du temps qu’il fait de lui raconter ce qui lui est arrivé depuis tout ce temps. Il est pâlichon quand il commence à raconter son père, Marie, le clan. Deirdre finit de comprendre entre les lignes que deux semaines, peut-être moins, se sont passées pendant qu’elle n’étais pas là. Pour elle c’est une vie qui a coulé sous l’océan, pour ces humains - ça y’est, elle s’exclut d’eux. Elle pleure un peu pendant que Tim raconte, il croit que c’est pour lui, sourit. Finalement elle sort. Il faut qu’elle boive, c’est ce qu’elle faisait quand ça n’allait pas ça lui a toujours réussi. Pour autant qu’elle s’en souvienne.
A la table boisson, il y a Marie qui aborde la conversation l’air de rien. Pourquoi vient-elle la trouver ? Etaient-elles si proches avant que Deirdre ne parte ? Elles devaient êtres amies et en même temps elle décèle une tension chez Marie, quelque chose qui se retient. Même quand elles s’isolent dans un canap’ et que Marie lui parle de ce qui s’est réellement passé à l’hosto, qu’on la charcutait, l’expérimentait, la tuait et que tout le monde s’en foutait. C’est un vampire, le frère de Cassandra aussi. Deirdre hoche la tête, c’est bon à savoir. Et on fiat comment pour vous flinguer ? Le pieu dans le cœur ? N’importe quoi fait l’affaire, par contre crucifix et compagnie t’oublie. Pas facile…
- Et toi ? T’étais où depuis une semaine ?
- Depuis 20 ans tu veux dire ?
Regard. Tu sais quoi, ça m’étonne même plus. Rire partagé.
- Je suis revenue pour May. Je l’aime, ça m’est resté pendant tout ce temps sous l’océan. Jamais vraiment pleine, jamais sereine. Père Océan le sentait, mon chant manquait de pûreté. Alors il m’a convoqué et je lui ai dit. Et dit. Et dit. Finalement il m’a laissé partir. Pour que je ramène May. Elle sera plus heureuse sous l’océan de toute façon.
- Si tu veux de l’aide pour ça, c’est avec plaisir !
- Merci ! Bon, ça monte là, faut qu’je bouge. On va danser ?
May, pendant ce temps, elle traine au jardin avec James. Elle chie contre tous ces traitres qui la laissent en plan. Heureusement qu’il me reste un ami comme toi. Merci d’être là, de rester.
- Un ami, ouais. Bon, on s’en affonne quelques unes ou on les laisse trainer toutes seules ?
Les bières dans le bide ils vont danser.
Tim, en haut, reste assommé, dort peut-être.
Eux dansent. May fait son possible pour ignorer ceux qui la suivent presque avidement des yeux, James qui danse près d’elle mais comprend vite la distance de sécurité, puis Deidre qui là-bas, plus loin, qui lui fait de l’œil en faisant semblant de rien. Elle sent quelqu’un qui vient derrière, l’enlace, elle se laisse faire et s’apprête à la repousser - pas la tête à ça - quand elle sent quelque chose s’enfoncer dans sa gorge. Elle veut se retourner mais se sent faiblir. Elle voit Deirdre qui crie quelque chose en courant mais il y a des gens, elle pousse quelqu’un mais arrive trop tard.
Marie est partie après peu de temps. Elle a vu Deirdre lui foncer dessus alors qu’elle plantait ses crocs mais c’est pas ça qui l’a fait lâcher. Elle a senti qu’elle donnait à May. Elle n’aurait dû que lui prendre et elle lui donnait en même temps, c’était bizarre. Elle file à la salle de bain se nettoyer un peu, faire comme si.
Deirdre relève May, ça va ? Cassandra la tire par l’épaule, ça va pas de bousculer les gens comme ça ? Va te faire voir, Cas !
Jerry tente de calmer le truc, Lucy s’approche, sa robe de fée tâchée de vin. Deirdre ne voit pas que Cas et May s’éloignent, t’as un sale truc viens on va soigner ça, elle se fait retourner par Lucy qui lui fout une tarte dans la gueule.
A terre, un peu sonnée, Deirdre crie que si c’était pas pour eux, elle repartirait. Elle aurait voulu écraser le nez de Lucy mais pas moyen, un vertige au moment de frapper, elle est tombée à la place.
- Qui t’as invitée, l’Irlandaise ?
- May. Et crois moi, tu veux pas la faire chier.
Elle se lève et part. Lucy ne trouve plus Cas, se barre dans l’autre sens.
Tim est enfin sorti de sa transe. Il revient en bas, les gens recommencent à danser mais il s’est passé un truc. Marie l’aborde, je dois te parler d’un truc. Tu sais que je tiens à toi, tu sais qu’on combat les mêmes trucs. D’ailleurs le frère de Cas est un vampire. Oui, si j’te le dis. Alors j’ai pensé… Tu sais, si on est séparé, c’est la merde, non ? Et si je te donnais un moyen pour qu’on reste ensemble même séparés ? Faut que je… Faut que je boive de ton sang.
Une étincelle d’hésitation passe dans l’esprit de Tim avant de s’évaporer. Il remonte sa manche.
Deirdre cherche après May, la joue encore rouge de claque, les pupilles dilatées, la colère froide. Elle les trouvent qui rient dans la cuisine, May est assise sur la table et Cassandra beaucoup trop près. En voyant arriver Deirdre ,elle se détourne pour fermer la boite à pharmacie.
- Dis, Cas, j’peux parler à May ? Genre en tête à tête ?
Elle sourit bien sûr et les laisse. May se demande quoi mais sourit, putain ce qui m’est arrivé c’était bizarre non ? Tu crois que c’est qui qui m’a mordu comme ça ?
- C’est pas drôle. T’as été mordu par Marie. C’est une vampire.
- Hahaha, quelle connasse ! Putain, me mordre comme ça, une vraie salope !
- C’est grave j’te dis ! Ca va ? Tu te sens pas… bizarre ?
- Qu’est-ce tu t’en fous, hein ? T’es revenue juste pour que je lève les sorts sur Pam et que tu puisses te la taper encore, nan ?
- Non. Je te dis que c’est pas ça. Ecoute-moi, May, pendant vingt ans j’ai fait que penser à toi. Vingt ans. Tu m’as manqué. Y’a que toi. Y’aura jamais que toi. Y’a que pour toi que je suis revenue ici.
- Ah ouais, tu pars tu reviens tu repars et moi j’reste plantée à t’attendre ? J’en ai marre, Abi, laisse-moi tranquille.
- Mon nom, c’est Deirdre.
En quittant la cuisine, elle veut se barrer, rentrer dans l’océan, mais il y a May et puis. Elle téléphone à Pam. Ca répond pas. On sonne à la porte. Elle sent que quelque chose merde.
Marie et Tim étaient en train de partir quand ils ont vu arriver Pamela, une batte à la main, l’air hagard. Marie lui demande en quoi elle est déguisée et reçoit un coup de batte en réponse. Tim lui saute dessus, la désarme - putain fais pas ça !
- Laisse-moi, Tim ! Tu sais pas c’que tous ces connards m’ont fait. Je vais juste leur filer une bonne leçon, un truc qu’ils oublieront pas. Ils m’ont fait vivre l’enfer, putain, t’as pas idée.
- N’y vas pas, tu résoudras rien comme ça.
- Bon OK, mais alors tu pêtes la gueule à Cas pour moi. Juste ça. Fais le et j’emmerde plus personne. Deal ?
- Deal.
Deirdre allait voir qui avait sonné et voit entrer Tim, une batte à la main, le regard planté sur Cas. Tu fais quoi là ? Arrête ça tout de suite, Tim. Arrête, j’te dis, tu veux pas que ton père apprenne que tu couches avec Marie, si ? Bon, alors tu me passes la batte et… Non, Marie, non !
Trop tard, Marie a déjà les crocs plantés et suce un peu de Pamela. Fais pas ça steuplait steuplait steuplait.
Marie lâche enfin. Ses yeux, ses dents, son visage redeviennent humains mais sa voix reste un ton plus grave quand elle lâche t’inquiète pas, je lui ai pris juste assez pour qu’elle se calme. Enfin, je crois.
Marie danse encore. Avec Lucy, Cas, Jerry, Dany et les autres. James vient, trop près trop fort, on y va on s’barre ? J’ai ma caisse j’te ramène, viens.
- Attends, James, t’as pas en état de conduire. J’te dis que non. Viens par ici.
Elle a trouvé une chambre vite fait, à l’étage, met James dedans, le couche, referme la porte. Bonne chose de faite. Mais Cas fait chier - c’est la chambre de mon frère, faut surtout pas mettre de gens dedans, pas entrer dedans, rien faire en rapport avec ok ? Alors tu le retires de là tout de suite. Ok, ok, t’énerves pas.
Elle va le chercher, viens gros lourd on descend, tu pourrais m’aider. Ouais, je sais que tu m’aimes, t’inquiète pas je le sais. Allez, ici ça doit être bien. Ouais, tu peux mettre ta tête sur mes genoux. Ca va, t’inquiète.
Deirdre voit Pam partir, mais qu’est-ce que tu fais ? Non, tu vas pas rentrer toute seule, j’te ramène, on s’appelle un taxi ? J’te dis que j’veux pas que tu rentres seule. Mais putain, on sera pas toujours derrière toi pour surveiller ton cul, ok ? Tu crois quoi, que je serai toujours là ? Mais oui, va te bourrer la gueule, rentre chez toi toute seule et fais-toi violer dans une ruelle ! Connasse !
Elle ne se retourne même pas aux remarques de Marie et Tim qui courent rattraper Pamela, iront avec elle boire un dernier verre, discuter et rentrer chez Marie à trois. Elle s’en fout qu’ils rentrent chez Marie, elle s’en fout de tout ce monde pourri. Elle s’en fout tellement qu’elle revient à la fête, se dirige vers la cuisine, trouve un briquet, met le gaz, tire les rideaux jusque là, lance le feu, part. Elle s’en fout tellement qu’avant de retourner chez elle, elle demandera au taxi de faire une halte chez Tim, pour déposer un petit mot dans sa boite aux lettres - vous devriez faire plus attention, votre fils se tape la vampire, il lui laisse même lui sucer le sang, il devrait être chez elle ce matin d’ailleurs -, puis une halte au phare, le temps de dire à Marina que May est en conflit ouvert avec sa famille et que ses parents l’ont foutu dehors, récoltant la promesse d’une aide, elle n’aura qu’à regarder une surface vitreuse et appeler son nom, elle viendra. Avant de partir, elle demande à Marina si elle n'a pas vu un truc, quoi que ce soit quand elle l'a trouvée sur la plage. Rien. T'es sure? J'te le dirais.
Avant de dormir elle doit nager, son corps le demande. Elle s'immerge, se laisse lentement couler, remonte prendre de l'air, se laisse flotter doucement. Comment les humains peuvent ignorer cette vie toute leur existence? E flash est brutal. Le matin, la marée qui la crache, Marina qui l'observe. Une couverture brunâtre et pleine d'algues dans les mains.
Flash
Marina qui rit aux éclats et enlace Deirdre. L'océan qui pénètre et l'emporte, enfin.
May est resté
jusqu'au bout de la fête. Elle a vu la panique, les gens bourrés qui se ruaient dehors en se bousculant, les flics et les pompiers, une autre musique. S'est assurée que son crew allait bien avant qu'on l'emmène de force ou presque au poste, elle n'avait rien à part les pupilles un peu dilatées mais, gosse de riche oblige, on a pas posé de questions. elle fait sa déposition, attend ses parents, voudraient se barrer avant qu'ils n'arrivent mais les flics laissent pas passer, ils ont besoin de la signature du responsable adulte pour laisser filer. Ils arrivent, elle essaye de se défiler, j'vis plus chez vous ok, vous m'avez foutu dehors vous vous rappelez? Alors allez vous faire - elle n' pas le temps de finir que la main de son père s'abat sur elle. Celle-là n'était pas pour du semblant, elle décolle et s'écrase plus loin, sent sa tête heurter quelque chose.
- Tout va bien Monsieur?
- Oui.
Ca suffit.
Elle rentre avec ses parents, ce soir. Tout le monde se fout des larmes au coin de ses yeux.
Le samedi matin, Marie prend le déjeuner avec son père dans la véranda familiale. Le soleil tape doucement, elle fait comme si il lui chauffait la peau. S'éloigne du froid en elle ou fait semblant, c'est pareil. A la radio on annonce un incendie hier soir dans une soirée du centre-ville. Personne n'écoute vraiment.
Pamela et Tim sont descendus - ça va Pam? Moui.
Une fois son père parti, Marie se penche sur Pam et lui demande ce qu'elle dirait, si elle lui disait qu'elle pouvait lui faire tout oublier. Reprendre une vie normale, comme avant, avant que tout ne parte en vrille. Pamela la regarde, on la sent dubitative quand elle dit pourquoi pas. Puis elle réalise que Marie va vraiment le faire et lui prend le poignet. Y'a un truc qu'elle veut pas oublié: ce qui s'est passé avec Deirdre, hier. Sinon, depuis dix jours elle peut tout enlever. Tout.
Marie la fixe dans les yeux.
Quelque chose se passe. Dur à dire - ses yeux ont l'air de se déployer sans vraiment bouger, une lueur orange emplit la pièce mais c'est peut-être juste un effet du soleil, dur à dire.
Ca ne prend que quelques secondes. Puis, d'une voix ferme et douce, Marie raconte à Pamela sa semaine.
Tim a le visage fermé dans un coin.
Tim se rappelle de ce matin. Pendant la nuit il avait rêvé que le gardien de son clan venait le visiter. Qu'ils parlaient. Le clan l'invoquait en cas de vrai gros problème. Quand on n'y arrivait plus. C'était déjà arrivé, ce n'était pas de la faute de Tim. Parfois, c'était trop. Alors il arrivait. Si tu veux que tes coups continuent de porter, lève-toi et...
Et il s'était levé. Dans la chambre sombre, en faisant attention à ne pas réveiller Pamela qui dormait dans un clic-clac à côté. Il avait gratté la croûte de la blessure faite par Marie, avait tracé d'instinct des signes vus dans des vieux libres, récité une formule qu'il avait oublié depuis longtemps. Le sang avait paru luire puis s'évaporer en sifflant. Et il était là, comme dans ses rêves. Fort, grand, un peu bleuté dans le clair de lune qui filtrait par la fenêtre. Son sourire dévoilait des dents pointues, ses bras croisés laissaient à peine voir des mains griffues. Son plastron était frappé du symbole du clan. Il avait souri en lui disant qu'il était là pour trois choses: le remettre d'aplomb avec son père, le former et faire ce qu'il fallait.
Il venait de loin, on l'avait invoqué pour la dernière fois au XIIIe siècle. Et avant ça... Va manger. Les autres ne me verront pas. Montre-moi ton monde, dis-moi ce que je dois savoir. On avancera de là.
May se lève, chez elle - chez ses parents. C'est plus chez elle. Elle s'habille pour la bataille à mener - pull noir marqué d'un I AM A BITCH doré, pantalon troué, le bleu qui lui marque le contour de l'oeil bien visible, pas de maquillage cette fois, qu'il voit bien tout. Elle descend, voit son père, tend la nuque, menton haut, regarde ailleurs. Le couteau du père crisse sur son assiette en la voyant. Ils ne disent rien. Font comme si mais rien ne bouge. Jusqu'à ce qu'arrive la mère, portant une carafe de jus d'orange comme elle en fait malgré que sa fille renifle habituellement, c'est tellement cliché. Pas cette fois. May ne dit rien. La mère la voit, se fige, sourit. Puis dit, la voix transformée, les traits soudain durs, plus la même femme. Vous allez vous calmer maintenant. A commencer par toi. May veut répliquer et voit qu'elle est tournée vers son père, qui a la mâchoire qui se décroche.
- Toi, May, c'est ta journée aujourd'hui, d'accord? On la passe en famille si tu veux. C'est toi qui décides. Si tu veux, je t'ai fait des pan-cakes.
May supprime les larmes qui montent et s'assied. En famille.