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 Romans - Abeir toril ou le recit de Doudouk

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Foulques
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Foulques


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MessageSujet: Romans - Abeir toril ou le recit de Doudouk   Romans - Abeir toril ou le recit de Doudouk Icon_minitimeSam 23 Juin 2018 - 19:06

Un résumé de partie pas comme les autres. Ceci est le chapitre 1 du romans de Doudouk. Devenu le plus grand mage de Faerun, il siége maintenant dans les enfers, contemplant l'immense statue que les diables taillent à son effigie depuis la fenetre du chateau de Méphistophelès. Il est pensif. Il arbore une attitude depressive meme. Il reste a la fenetre, retraçant son parcours. Tout commence dans les bras de sa mère...

Chapitre I

Il était né le divin enfant.

Assise sur une chaise à bascule, bardée d’une épaisse toison, Adalla la gnomette pressait son nourrisson contre sa poitrine. Elle le mangeait des yeux. Ses petits yeux à lui étaient perdus et ne fixaient rien encore. Il ne pouvait pas lui rendre la pareille, mais il s'accrochait à elle de tous ses sens. Une main minuscule posée sur l’énorme sein, les narines dilatées pour en saisir le bouquet, les jambes frétillantes tentant d'escalader ces monts et merveilles.

Dirlidir, le père, ne quittait pas le coin sombre de la pièce et semblait ne pas prêter attention à la rencontre toute de chair de la mère et du fils. Mais au bout d'un moment, agacé par l'exclusivité et l'impudeur de leurs échanges, sans lâcher son aiguille des mains, il lança : "Ce garçon sera un tisserand ou ne le sera pas. Il me rendra fier ou malheureux."

Dirlidir - on l'appelait le Dédé -  était un tisserand handicappé depuis son accident. Il n'avait jamais recouvré l'usage de sa jambe gauche. Il avait été un homme de terrain. Rigoureux, volontaire, exemplaire même, il adorait briller aux yeux de ces congénères. Il se penchait avidement sur des détails de production, dans le but compulsif de s'abreuver de mérite. Il avait porté haut et loin son titre d'artisan au village. Il avait eu une idée folle avant la naissance de l'Adigonglia, sa fille ainée : parcourir les route. Il racontait qu'il souhaitait transmettre son millier de petites astuces pour accroitre la renommée de sa guilde et de son village. En vérité, et l'Adalla n'en disait rien, il souhaitait que tout le monde entende parler de lui. Elle le laissa partir battre la campagne. Il s'était adressé d'abord aux villages limitrophes. Mais il ne restait jamais bien longtemps. Car il ne reçu jamais l'accueil qu'il souhaitait. On ne lui donnait pas accès aux ateliers car un artisan supporte difficilement qu'on lui dise comment faire son travail. Le Dédé s'offusquait. Il était trop pressé. Alors il poussait toujours plus loin. Mais à l'ouest - il avait pris le parti de longer le large fleuve - on aterrissait dans des contrées aux coutumes plus disparates. On le considérait différemment. Ca n'était plus la contrée des petits hommes; c'était un pays où cohabitait de nombreuses ethnies, toutes les plus étranges et antipathiques les unes que les autres. Il croisait un premier elf un jour; qui l'impressiona fortement. Il croisait des humains, toujours affairés et outrageusement vulgaires. Enfin, il arrivait aux abords de la gigantesque cité portuaire de Baldur's gate. Bâtie sur l'estuaire du fleuve, elle était bordée par six kilomètres de remparts. Des monuments démesurés à l'architecture éblouissante jaillissaient de l'intramuros. Cette magnificience était dûe à une magistrature aux dents longues et un commerce impitoyable. Sa guerre de domination drainait les richesses sur la moitié du continent et par delà les océans. En pénétrant dans l'enceinte de la ville, le Dédé était fortement impressioné. Les rues étaient grouillantes, bruyantes et étouffantes. Il croisait des roublards du quotidien, des caïds et des soldats en permission, désinhibés. Mais ce qui l'impressiona le plus était les innombrables échoppes d'artisans qui témoignait de l'ampleur de l'offre et la demande. Il levait le menton pour se donner un air digne et intouchable, mais en réalité, il était décontenancé. Et puis la faim le tiraillait. Il aurait du s'arrêter à l'une ou l'autre auberge, mais il fit demi-tour.
A peine avait il franchis le seuil des fortifications qu'il fit une mauvaise rencontre. Il avait été pris en filature. Dans ses beaux atours, sans monture et sans escorte, il faisait une cible idéale. Un pèlerin parcourt rarement les routes sans sans un pécule de voyage. Deux gredins lui cherchèrent des noises. Ils lui cassèrent la tronche en bon et due forme. Ils le laissèrent nu et sans le sou. Les citoyens ne vinrent pas à son secours. Le corps meurtri et un ideal définitivement renfoncé dans les gencives, il eu une réaction très forte. Il refit la route vers son village. Son état était pitoyable, et le chemin empira son état. A son retour, il avait définitivement perdu l'usage de son genou gauche. Un accident racontait il à ses proches, la tête haute, sans en dire plus. Il ne parla plus jamais de son idéal de valeureux artisan. Depuis lors, dans son petit villages aux toits de chaume, dans sa petite maisonnée à la cheminée toujours fumante, depuis son fauteuil aux accoudoirs rembourrés, il ressassait ces évennements. Et il désespérait de trouver un moyen de se rendre utile. Il n'avait comme seule occupation que de coudre des marqueurs aux échantillons de tissus; une affaire de la plus haute importance disait-il puisqu'il pouvait prétendre valider ou infirmer en bout de chaine la production familiale. La même fonction qu'un anus, lui disait sa femme, quand elle en avait assez. Car il était désagréable. Il n'avait pas la possibilité de faire autre chose. Il ruminait interminablement sur sa chaise, à l'écart de la pièce de vie. Quand un visiteur entrait, il bouillonnait intérieurement et se donnait de la contenance en faisant mine de réfléchir. En vérité, laissant l'Adalla faire la conversation, il scrutait tous les gestes et paroles de l'hôte; pouvant indiquer que celui-ci aurait du mépris ou de la pitié pour sa famille.

L'Adalla se mit à entonner un chant.

J'ai, deux yeux malicieux,
Un bidon qui a faim
Mais surtout,
Deux petites mains,

Je suis un curieux
Un petit homme coquin
et je joue,
De mes deux petites main,

Quand je serai grand,
Papa m'apprendra
à utiliser mes mains

Car je suis un gnome,
Une fier bonhomme,
Qui aura une,
sacré poigne.

Plutôt que de me la couler douce,
j'utiliserai mon pouce
pour tenir un crayon

Mon index sera un allié
quand je serai
chef de chantier

Que dire du majeur
avec un tempérament
pour envoyer paître ailleurs

J'aurais également un bel annulaire
pour me sanctifier
éternel amant

Et le petit doigt
pour équilibrer
mes élans pleins d'émois.

Mon destin c'est cela
J'utiliserai mes cinq doigts
et rendrai fier,
mon papa.

Cette berceuse voulu compenser les paroles du Dédé. Cela n'empechait pas Adigonglia, la grande soeur, de frapper le comptoir. Elle s'affairait en cuisine. Elle maniait un large hachoir pour dépiauter de l'agnelet. Elle empaquetait soigneusement les morceaux dégrossis dans une étoffe, pour la vente du dimanche. Il n'y avait pas de petit profit. Elle conservait les os, les plongeait dans une marmite en fonte, pour dépouiller les restes. Les minces morceaux de chair et tendons se décollaient en cuisant. C’était la bouillie du soir. Cela demandait beaucoup de travail. Mais elle n'avait pas peur de s'y mettre. Elle prenait à coeur ses responsabilités. Elle était triste pour le Dédé et infiniment admirative de l'Adalla. Elle compensait leurs difficultés en abattant un travail sans relâche. Vivement que son petit frère grandisse ! Elle ramena un bol au père. Elle se sentait toujours obligé de lui servir une phrase douce en plus de la platée. "Tiens papa, ça donne du coeur à l'ouvrage". Il ne répondait jamais.

Tout à coup, l'Adalla hurla. Le petit mordait le sein à découvert. Il plissait les yeux et ses gencives ne lâchaient rien. Tendue de douleur, l'Adalla le fixa. La soeur s'arrêta d'équarrir, le père de coudre et ils levèrent les yeux. Le petit forçait son emprise. Du sang coulait. Elle bondit et se mit à tourner autour de sa chaise, affolée, plaçant deux doigts autour du mamelon en tentant de repousser délicatement l'enfant. Après quelques tentatives, l'enfant lâcha prise.

Elle s'arrêta de marcher, un silence se fit. Elle scrutait son enfant, hébétée, tentant de comprendre. Le Dédé et l'Adigonglia attendaient une réaction. Enfin, elle céda intérieurement : Elle lâcha sa poitrine meurtrie pour déployer une main bienveillante et caresser la tête de son fils. Elle porta l'enfant à sa bouche et lui murmura quelques mots doux.
Doudouk, l'enfant prodigue, esquissa son premier sourire.

*
Doudouk restait silencieux sur son marche pied. légèrement penché sur l'énorme cuve, il brassait lentement le drap suintant dans l'eau tiède et colorée. Il avait mal aux épaules. La teinte durait des heures. Les effluves alcalines ne le dérangeaient pas. Il humait les émanations au rythme du geste. Cela lui permettait d'évaluer le stade de macération. Tantôt il accélérait le brassage, tantôt il amplifiait ses gestes. La paroie en bois gagnait toujours : elle repoussait l'eau avec une égale indifférence. Les vaguelettes étaient renvoyées vers le centre et interféraient entres elles. Il en arrivait à deviner le mouvement des fluides. C'était le seul spectacle qu'il pouvait s'offrir pendant ce travail pénible. Il percevait aussi que le chêne de la tonnelle vieillissait et perdait en épaisseur. Surtout à la jonction entre l'air et le liquide. Avec en plus le coup de brosse en fin de processus, il allait falloir le remplacer. Dans cinq ans estimait la petite voix intérieure de Doudouk. Et moi, j'ai douze ans. Dans cinq années, je ferais quoi? Il était dans l'incapacité à s'imaginer un avenir de tisserand. Tout ce travail et cette maintenance le rapprochait d'un état d'insatisfaction. Il avait toujours procédé avec une curiosité intellectuelle car il était tombé amoureux des matériaux. Mais ce jeu d'interractions du bois, du métal et de l'eau l'amusait de moins en moins. Il les connaissait par coeur. Contrairement à sa soeur qui se donnait bien de la peine pour faire avancer la production. Elle ne semblait rien capter du réel intérêt de ce travail. Elle ne percevait pas qu'une cuve vidée sous-entendait une cuve à remplir, un dos qui souffre et des articulations qui s'abîment. Elle ne se respectait pas. Elle allait trop vite, ne prenait aucun plaisir et semblait esclave des matériaux et du matériel. Elle n'avait aucune dignité, se dit Doudouk.  De plus, c'est bien lui que papa envoyait au cours du soir. L'Adigonglia n'était qu'une manutentionnaire. Elle faisait pitié.

Les cours du soir avaient commencé à la saison basse. Le stock de laine ne serait pas réaprovisionné avant la prochaine tonte, c'est à dire quand les prés auraient reverdit. Les ballot de laine étaient filés, tissés et teintés. Certaines étoffes, à la longue attaqué par les mites, étaient à brûler. Il y avait également un peu de menuiserie pour requinquer les métiers à tisser. Bref, il y avait un peu de maintenance mais le temps était propice aux cours du soir. Dans les locaux de la guilde, il retrouvait tous les fils d'artisans. L'apprentissage théorique n'était pas très rude. On y apprenant des bases de la gestion et, un tant soit peu plus amusant, les propriétés des matériaux. Rien d'inabordable. Mais surtout, les enseignants passaient leur temps à se répéter. Ils pensaient que rabâcher était le meilleur moyen pour les apprentis de retenir les connaissances. C'était le cas pour le travail manuel : A force de répéter les même gestes on arrivait à mieux coordonner l'oeil et la main. Mais la théorie? il suffisait pour Doudouk d'une lecture pour qu'il mémorise le tout. Bien plus que si l'on lui expliquait pendant des heures. Ainsi il s'ennuyait, une fois de plus. En cours, il n'avait qu'un vulgaire plumier à observer, sous peser, agiter pour se distraire. Il renversait des gouttelettes sur son banc et tissait minutieusement des traits entre elles avec son doigt. Déjà petit il faisait des remarques antipathiques à ses camarades de classe :

- "Te penche pas en arrière sur ta chaise, tu es gros, tu vas la casser"
- "t'es un gnome qui ne se ferais meme pas obéir d'une brebis !"
- "Tu es aussi malin qu'un bélier en rut toi !"

Doudouk se mettait la classe à dos. Il avait beau être repris par les enseignants, qui tentaient de lui faire entendre les valeurs d'un vivre-ensemble, de l'intérêt de travailler en équipe ; il n'en voyait pas l'utilité. Il était bien meilleur que les autres et le mérite lui paraissait être plus important. Car son père le lui avait expliqué de nombreuse fois. Il vallait mieux ramener d'excellentes notes que de copiner avec des imbéciles.
L'étoffe continuait à macérer au rythme de ses pensées. Il fixait intensément le liquide et révassait à tout cela. Tout à coup, ses pensées se focalisèrent. Il y avait eu un évènement perturbateur dans l'eau saumâtre. Elle produisait de minuscules bulles à la surface. D'où venait cette soudaine hausse de température? Il plongea les doigts. Il n'avait pas rajouté de buches sous la fonte et l'eau aurait dû s'attiédir graduellement. Son esprit s'agita, il cherchait une explication. Il descendit de l'échalier et jaugea le fin tapis de braises. il remonta précipitamment et replongea la main, puis tout le bras. Il jaugea la chaleur émise par le fond du bassin mais n'y trouva aucun indice. Et la température rechuta. Les bulles  cessèrent... Il était tard, mais ce n'était pas la fatigue qui lui avait joué un tour. Quelque chose s'était réellement passé. Il rangea les accessoiress, tamisa le brûleur, coffra difficilement la cuve d'un lourd couvercle et descendit de son piedestal. Il jeta un dernier regard interrogatif à l’atelier, puis referma la grande porte. A la maison, il traversa le salon avec agilité pour ne pas réveiller son père. Celui-ci c'était endormis avec son attirail de couture sur la panse. Doudouk ne l'avait jamais connu autrement; moulé dans son fauteuil malodorant, le corps las et fatigué de ne rien faire. Doudouk monta les marches grinçante et se glissa rapidement sous les draps. Il aurait du dormir mais ses pensées le cognaient frénétiquement. Il repris sa reflexion et au bout d'un moment, osa se poser la bonne question. Il avait bien lu quelque part que certains élus pouvaient transformer les états de la matière. On appelait cela les arts arcaniques...

Doudouk fixait intensément le plafond. "Le liquide s'est mis à bouillir...  J'ai bien eu une emprise sans le vouloir... J'en suis presque sûr, j'ai "aggripé" ce liquide du regard. Je l'ai visualisé et délimité. Je faisais corps avec son mouvement. Ces remous multiples n'ont plus de secret pour moi. J'ai dû, par l'intensité de mon regard, peut être, accroitre l'agitation du fluide. La pression aura redoublé. J'imagine bien une myriade de particules aqueuses qui s'agitent follement comme si les paroies se refermaient sur elles. Et ensuite? La température est montée en flèche. Et ensuite? ...Aurais je pu mener cette eau vers un autre état? La faire bouillir au point de créer une poix brûlante? Aurais-je pu coordonner les geste à la parole, la saisir en sont centre et la soulever hors de la cuve? L'accroitre, l'exciter, la distendre, la rendre maléable à souhait?!" L'excitation était trop forte. Il y avait dans ce monde de prestigieux savants qui composaient avec ce genre de pouvoir. On parlait de compétences hors normes. On murmurait des histoires de divinateurs qui distordaient le temps et l'espace; d'abjurateurs qui bloqueaient, banissait ou protégeaient des armées entières; d'enchanteurs qui séduisaient et transcendaient à leur avantage, d'illusionistes qui tissaient et flouaient les sens; ou même de conjurateurs qui invoquaient des créatures mythologiques... C'en était trop. Ses pensées ricochaient à tout va. Doudouk faisait des liens sensationnels. Tout cela était invraisemblable. Mais toutes ses lectures et reflexions faisaient soudainement sens. Il en était convaincu: Ce dur labeur à l'atelier, ces soirées sur les bancs de l'école, ces lectures qui duraient tard le soir convergeaient vers cela. Il se revelait à lui une nouvelle intelligence. Une vérite. Un absolu, dont on ne parlait pas dans son village. Un absolu sans restrictions... Un absolu qui fit qu'il ne trouva pas le sommeil. Il devait dès demain tenter de retrouver ce chemin vers la matière.

*
Doudouk ouvrit la petite porte cochère et ne la referma pas correctement. Elle baillait. Il était sonné. Il n'arborait pas son air habituel d'enfant fonceur et grognon. Ces parents ne le remarquèrent pas. Sa soeur, qui avait toujours un oeil sur lui, l'interrogea immédiatement.

- " Doudouk, tu as un drôle d'air. Tu reviens de l'atelier?"

L'Adalla posa la lourde marmite sur la table. Elle jetta un regard rapide sur lui. Elle s'essuya les mains sur le torchon pendu à sa taille et se rapprocha pour poser le plat de la main sur son front.

- "Mais non, il va très bien mon Doudou. Oh ! Mais tu es sale. Tu es trempé des pieds à la tête. Assied toi mon grand. Ta soeur a préparé un bouillon de poule. On a une cuillère de lait battu chacun également. Tiens, sert t'en."

Doudouk s'asseya et prit un air apathique. Il penchait sur son auge. La soupe brûlante fumait et lui humidifiait le visage. Ca avait l'air de lui faire du bien. Il resta immobile quelques minutes. Il était chamboulé. Personne ne parlait. Mais les bruits de table allaient bon train. Tout le monde y allait de son bruit de sussion. Au bout d'un moment, Doudouk lèva des yeux implorateurs vers son père. Celui ci mangeait sans jamais regarder au dessus de la ligne d'horizon. De cette manière, il était inateignable.

- "Papa." Dit il d'une voix d'enfant troublé. "J'ai réussis. Papa, je suis le meilleur. Tu m'entends ? Je... J'ai..."

Le Dédé ne levait pas la tête.

- Papa" insista il doucement. " J'ai compris la matière..."

Le Dédé ne répondait pas. L'Adalla vint au secours de son fils:

- "Mon Doudou, tu seras un excellent artisan, nous le savons. Tu es sensible à la matière, tu anticipes bien les choses. Et puis tu ramènes d'excellentes notes de l'école. Nous sommes fier de toi.

- "Un petit peu plus d'efforts dans le rangement serait le bienvenu." Rajouta l'Adigonglia. "Il n'y a pas que le plaisir dans le travail. Hein Doudouk? "
Il regardait son père. Ne lui répondra t il vraiment pas? Ne voulait il pas savoir ce qu'il avait fait à l'atelier ?! Comment il avait été au bout de ses forces pour porter un mêtre cube d'eau à ébulition, sous la pression de son esprit ?! Et qu'il aurait pu faire fondre la fonte de la tonnelle, oui fondre, comme un vulgaire morceau de beurre, s'il l'avait voulu... Il avait acquis une réelle autorité sur les éléments, son père ne pouvait pas nier cela. Il avait atteint l'excellence ! Il fallait qu'il le reconnaisse ! Mais un silence assassin primait. Doudouk versa quelques larmes. Rien d'interessant ne fut prononcé après celà.

*
Doudouk se tenait droit et immobile: Les bras tendus et les poing fermés,  il fixait intensément le coffret posé devant lui. Il avait grandit. Son dos s'était musclé. Son visage s'était affiné. Ses yeux noirs plissaient avec intelligence. Il semblait pouvoir décortiquer tout ce qu'il regardait. Sa machoire arborait une méchante dentition. Poussée vers l'avant, il avait l'air déterminé. Avec ses cheveux noirs, drus et ébourrifés, il avait un air d'un fou en cavale. Il n'avait pas dormi depuis deux jours, anticipant ce moment là. Il avait su s'infiltrer dans les bureaux de la guilde, déjouer les serrures les plus coriaces, localiser le coffre des recettes. La serrure en métal gisait au sol, disloquée. Il ne restait plus qu'à ouvrir le boitier. Une somme rondelette s'offrait à lui. Toutes les économies d'une année de mutualisation. Il allait se servir. Mais il ne se précipitait pas. Il goutait au vertige de la situations. Il s'apprêtait à bafouer le village entier. Oui, il avait honte, et il avait bien tenté de se freiner, de céder à la culpabilité. Mais il se sentait porté par une fougue sans égal. C'était plus fort que lui. Il fallait flouer ses pairs. Il fallait s'affirmer. Il fallait offenser toute une enfance et dénoncer les inombrables maladresses à son égard. Il allait pointer du doigt de manière magistrale leurs erreurs. Il avait toujours oeuvré avec excellence, s'était démarqué de ses congénères, mais n'avait jamais eu la place spéciale qu'il méritait. Lorsqu'il avait partagé ses prédispositions à l'art de la transmutation, on avait crié au loup. On avait eu peur. On l'avait recadré lors d'une assemblée du village : "La magie est terriblement dangereuse et attire les pires situations." expliquait un villageois. "C'est une discipline qui perverti." dit un autre. "Pire qu'une centaine d'épées longues : Comme l'acier tranche la chair, le pouvoir aracanique balaffre l'esprit." professait un érudit trop vieux pour tenir debout. Ils tombaient tous d'accord. Il n'y avait pas de place pour des arts obscurs. On préférait une franche camaraderie et des aspirations simples. C'était des gens simples et honnêtes. Au delà de ça c'était l'interdit. Insuportable pour Doudouk. Lui couper ainsi l'herbe sous le pied le rendait frénétique. Tant pis pour eux. Il préfèrait vivre conspué que d'être isolé dans un village de péquenauds bienveillants.  

On parla beaucoup de son vol. Encore plus de son départ. Car on ne l'accusait pas de tous les maux de la terre. On le plaignit. On était désolé pour lui. Il avait floué son berceau familial, un environnement sain et protecteur. Le seul endroit qui puisse le faire grandir droit, dans ce monde immense et impardonnable. Que pouvait obtenir un jeune gnome ecervelé ? Quel employeur lui donnerait sa chance ?

L'Adigonglia finit par quitter le foyer. Elle fit un mariage sans amour avec son cousin. Celui ci avait un grand cheptel et une place importante au village. Ils fusionèrent l'exploitation du Dédé et celle de son mari. Ce qui permettait de boucler la ligne de production, mais surtout à l'établissement de sa famille de perdurer. En tout cas symboliquement. Elle oeuvrait toujours avec autant de ferveur.

L'Adalla avait l'habitude des coups durs. Mais celui ci la laissait atteinte. On ne le remarquait qu'à peine, si ce n'est qu'elle oubliait beaucoup de petites choses. Les détails ne lui importaient peu. Elle s'en tenait aux tâches principales et les plus pénibles. On jugeait dans le village qu'elle ne tiendrait pas longtemps.  

Il n'y avait que le Dédé qui ne réagit pas. On ne savait pas de ce qu'il pensait. Son silence semblait afficher sa désaporbation et même qu'il avait répudié son fils. Mais en son fort intérieur, il s'attendait à voir revenir son fils vaincu, de la même façon que lui.
On était avide de nouvelles. Tout ce qu'on apprit des autres villages était qu'on avait aperçu le jeune Doudouk battre la campagne vers l'Ouest. Vers Baldur's gate probablement. On entendit plus jamais parler de lui
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MessageSujet: Re: Romans - Abeir toril ou le recit de Doudouk   Romans - Abeir toril ou le recit de Doudouk Icon_minitimeDim 24 Juin 2018 - 18:37

Enfin l'épopée du Doudouk ! Excellent début.
Mais d'où te viennent ces connaissances du métier des tisserands ? Laughing
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Foulques
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MessageSujet: Re: Romans - Abeir toril ou le recit de Doudouk   Romans - Abeir toril ou le recit de Doudouk Icon_minitimeDim 24 Juin 2018 - 18:50

j'en ai pas. J'invente. Razz

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MessageSujet: Re: Romans - Abeir toril ou le recit de Doudouk   Romans - Abeir toril ou le recit de Doudouk Icon_minitime

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